Toilette intime est une série d’autoportraits pris dans les WC, privées et publiques, de 2013 à 2022. Selon les jours le nombre de photos varie entre 0 à 10, selon les jours les humeurs et les désirs d’apparition/disparition. Il y en a aujourd’hui plus de 8000. Il n’y a aucune volonté érotique à la base de cette série, ni de provocation. Alors pourquoi ?
J’ai voulu recomposer quelque chose que j’avais me semble-t-il perdu un jour, un jour noir, un jour de deuil de soi. Se surexposer au sens propre comme au figuré tient de cette volonté de retrouver un corps, un visage, une image éclatée d’un soi évanoui, volatilisé, absent. Cette absence nécessaire, cette déconnexion de soi pour ne pas voir la violence de la souillure, je l’ai semée, jardinée et entretenue au fil des années, comme j’ai pu, sans le savoir. Et puis sont venus les mots. Et toilette intime. Je me surexpose pour reconstituer un visage perdu et resté seul là-bas, dans cette zone obscure peuplée de monstres et d’actes tus. 

Toilette intime est une réponse pied de nez à l’indicible, un jeu sans cesse recommencé qui trouve dans sa répétition sa légitimité. Car il est bien question de ça : la légitimité d’être au monde.